"Tous pour un, un pour tous"
Les quelques questions de départ assez formelles sur l'expressivité du matériau, sa capacité à exprimer des sensations physiques et les métamorphoses qu'il peut subir dans l'accumulation ou la répétition, se sont vite déplacées vers une interrogation qui paraissait plus porteuse au sein de la classe:
- Comment réaliser une œuvre collective?
- Comment faire participer le groupe classe à la réalisation d'une installation?
Certains matériaux ont un fort pouvoir évocateur. Ils contiennent une poésie et une charge symbolique liées à une culture. Le coton est de ceux-là. Sa couleur, sa texture, sa légèreté, maniable mais fragile sont des atouts qui permettent aux élèves de se l'approprier immédiatement, sans détour.
Plus le temps de poser les questions. Il faut parfois juste suivre ce que disait Gaston Bachelard: " La rêverie des nuages reçoit un caractère psychologique particulier : elle est une rêverie sans responsabilité. L'aspect immédiat de cette rêverie, c'est d'être, comme il a été souvent dit, un jeu aisé des formes. Les nuages sont une matière d'imagination pour un pétrisseur paresseux. On les rêve comme une ouate légère qui se travaillerait elle-même." ("L'Air et les Songes", Essai sur l'imagination du mouvement,1992).
Jade, Elina,Thomas
Nous avons tous travaillé une petite sculpture mobile. Les matériaux utilisés sont le coton, du fil de pêche et du papier. Nous avons dessiné, coupé et collé des motifs différents sur chaque morceau de coton (un personnage, un animal, une maison, un arc-en-ciel...). Certains ont la tête dans les nuages, se tiennent aux nuages, d’autres se cachent ou s’assoient sur les nuages.
Les sculptures ont toutes été suspendues au plafond par une aiguille. L’ensemble donne l’impression d’une nuée de nuages. Nous l’avons installé ensemble en forme de cercle au plafond. Cette installation forme un grand cercle autour du plafonnier de la salle et quand la lumière est allumée, on a l’impression que c’est le soleil. La lumière met en valeur chaque partie de l’installation mais aussi tout l’ensemble.
Louëne, Lilian
La nature de notre volume est une sculpture. Chaque élève a réalisé une sculpture mobile. Nous les avons suspendues au plafond. Avec le mouvement de l'air, elles bougent.
L'ensemble donne un « village de nuages » (dixit Soazig). C'est nettement plus intéressant à regarder car il y a plusieurs choses à voir en même temps. C'est coloré et la lumière du plafond donne l'impression d'un soleil. C'est très lumineux comme installation.
Lydie, Mattenzo
Nous avons tous travaillé individuellement dès le départ.Nous avons créé une sculpture mobile qui représente un nuage avec un personnage ou autre chose.
Le but est d'avoir un compagnon, alors on les rassemblent pour qu'ils trouvent leurs amis. Chaque sculpture forme l'ensemble et chacune a son rôle. Les nuages sont installés et placés en dessous de la lumière du plafond. Cette lumière est importante. Elle va valoriser tous les nuages comme un soleil.
Les oeuvres
Le bilan fut assez porteur. Les attentes qu'ont les élèves sur l'appréciation d'un travail dans le cadre d'une pratique scolaire, ont permis de mettre en avant une contradiction inhérente au dispositif.
Les élèves : « C'est évalué ? J'ai quoi comme appréciation ? Je peux reprendre ma sculpture? »
Le professeur : « Quel était l'objectif de ce travail ? »
- « de faire un nuage, une sculpture mobile avec une forme dessus pour le personnaliser... et de le suspendre au plafond avec les autres. »
Il a fallu un petit moment pour qu'un élève se souvienne qu'il s'agissait de réaliser une œuvre collective et que, de ce fait, il était difficile de repartir avec son travail sans défaire ce qui avait été construit : le collectif.
Pour ces mêmes raisons, l'évaluation n'a donc pas été individualisée. Le retour est peut-être juste une satisfaction que chacun de nous avons éprouvé dans cette pratique en oubliant le Un dans le Tous.